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mais au lieu de gagner immédiatement l’escalier, il s’élança vers sa cabine.

« Que signifie cela ? se demandait-il. Cet Ovide Soliveau serait-il véritablement le cousin de Paul Harmant, mort à Genève et que je fais revivre ?… Mais, oui, la mère de Paul Harmant était une Soliveau… Le livret qui se trouve entre mes mains en fait foi, et je l’avais oublié !… »

Tout en parlant, Jacques avait exhibé son portefeuille. Il en tira le livret en question, l’ouvrit à la première page et lut :

« Paul-Honoré Harmant, fils de Césaire Harmant et de Désirée-Claire Soliveau… »

« C’est bien un parent de feu mon camarade… continua-t-il. Que faire ? Ne point aller à ce prétendu cousin, c’est éveiller dans son esprit des soupçons, c’est me perdre ! Il faut payer d’audace. Je saurai bien tenir tête à cet homme et lui prouver que je suis Paul Harmant… »

Jacques gagna le gaillard d’avant. Quand Ovide l’aperçut, il se dirigea vivement de son côté.

« C’est vous, monsieur… fit-il en le saluant. Je vous remercie de vous être dérangé pour moi, et je vous en remercie d’autant plus qu’en vous regardant de près, quoi qu’il y ait bigrement longtemps que nous nous sommes rencontrés, je suis à peu près sûr de ne pas me tromper et de tendre la main à mon cousin, à mon vrai cousin, car vous êtes Paul Harmant, n’est-ce pas ?

– Parfaitement, répondit Jacques.

– Paul-Honoré Harmant, fils de Césaire Harmant !

– Et de Désirée-Claire Soliveau… acheva Jacques.

– La propre sœur de mon père… dit le Dijonnais.

– Ce qui fait que vous êtes mon cousin Ovide Soliveau.

– Un peu, mon neveu ! s’écria Ovide. Ah ! saperlipopette, mon cousin, quelle veine de se retrouver ! Moi qui te croyais mort !

– Mort ! répéta Jacques Garaud avec un sourire.

– On le disait au pays, où je suis allé il y a cinq ans.

– Enfin, d’ou venait ce bruit absurde ?…