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là. Ça ne doit pas être lui. C’est égal, je taillerai une bavette avec ce particulier-là… »

En ce moment on appela :

« Ovide Soliveau ! »

Le parisien répondit :

« Voilà ! »

L’appel fut bientôt terminé. Immédiatement après on donna l’ordre de classement des passagers.

« Sapristi, pensa l’ouvrier, plus que ça de chic ! Le paroissien voyage en première classe comme l’ingénieur Mortimer et sa demoiselle ! Mais, si les deuxièmes ne vont pas dans les premières, les premières peuvent sans difficulté aller dans les deuxièmes. Je ferai passer mon nom à ce Paul Harmant, et il viendra me trouver. »

Le paquebot leva l’ancre et fila bientôt à toute vapeur.

Jacques Garaud passait la plus grande partie de son temps au salon où se tenaient de préférence l’ingénieur James Mortimer et la blonde Noémi. Il se mettait l’esprit à la torture pour trouver un prétexte qui lui permît d’entrer en relations avec le père et la fille.

Trois jours s’étaient écoulés depuis le départ. Le temps magnifique avait attiré sur le pont une grande partie des passagers. Ovide Soliveau parcourait les groupes d’avant afin de s’assurer s’il n’y rencontrerait pas ce Paul Harmant qui peut-être était son cousin. Mais, pas plus que la veille et l’avant-veille, Jacques Garaud ne quittait le salon.

« Pas possible ! se disait Ovide. Pour se payer comme ça le régime cellulaire, faut que le paroissien soit malade. »

Il piqua droit à l’employé et lui adressa ces mots.

« Pardon, monsieur, mais si c’était un effet de votre complaisance, j’aurais à vous prier de me rendre un petit service.

– Aoh ! yes ! répondit l’Anglais, je volé bienne.

– Voici la chose. Il y a un passager de première classe dont le nom m’a rappelé celui d’un mien cousin que je croyais défunt, et qui l’est peut-être en effet, mais qui peut-être aussi se porte comme vous et moi.