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la traversée. En arrivant à New York, nous nous retrouverons.

— Compris, monsieur, répliqua le grand garçon. Vous en premières, moi, en secondes. Après l’appel nominal, vous passerez au salon et je resterai dans l’antichambre. Soyez paisible, je vous retrouverai au débarquement. »

L’ouvrier alluma une cigarette, tandis que son interlocuteur et la jeune fille allaient se placer à deux ou trois pas de Paul Harmant. Celui-ci tourna la tête du côté de ses nouveaux voisins et ses regards s’arrêtèrent sur la jeune fille, blonde aux yeux bleus, grande et mince, admirablement bien faite, délicieusement jolie, gracieuse et distinguée.

« Bien belle personne ! se dit-il. Le monsieur aux che- veux gris doit être son père. »

L’appel commença. Le second du navire, tenant à la main sa liste, appela les noms de James Mortimer et de Noémi Mortimer, auxquels répondirent l’enfant blonde et son père.

« Noémi Mortimer… pensa Garaud, deux noms char- mants !… »

« M. Paul Harmant… appela le second.

-Présent ! » répondit Jacques.

En entendant appeler Paul Harmant, le jeune homme à l’allure dégingandée et au langage pittoresque tres- saillit brusquement, et ses yeux se fixèrent avec une étrange expression de curiosité sur l’homme qui venait de répondre : Présent !

« Paul Harmant ! murmura-t-il. Le nom de mon cousin, le mécanicien qu’on prétendait défunt ! Le bonhomme me fait l’effet d’un particulier qui a le sac ! Ça serait rigolo tout de même de se découvrir un parent calé ! »

Et il dévisageait Jacques Garaud qui ne se doutait guère de l’impression que produisait le nom de son camarade mort.

« C’est drôle, poursuivit l’ouvrier, je l’ai vu autrefois mon cousin, et je ne le reconnais pas du tout. Il était plus jeune, c’est vrai, et les années ça change un homme, mais enfin je me souviens un peu de ses traits et il me semble que je n’en retrouve pas un seul dans ce visage--