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vous recevez une lettre pareille à celle que vous prétendez avoir été écrite par Jacques Garaud et vous la jetez dans un coin de votre logis ! Comment, vous, la protégée de M. Labroue, vous voyez votre protecteur assassiné dans sa maison en feu, et vous prenez lâchement la fuite, au lieu de rester à votre poste pour dénoncer le vrai coupable qui vous est connu ! Allons ! allons ! De tout cela la logique est absente ! Vous vous êtes dit : « Jacques Garaud est mort. Je l’accuserai. Il ne ressuscitera point pour me démentir. »

Jeanne se tordit les mains.

« Les preuves me manquent, je le sais, balbutia-t-elle. Si l’accent de la vérité ne vous touche pas, je suis perdue.

– Pourquoi ne pas aborder la voie du repentir et des aveux ? La justice vous en tiendrait compte.

– Je ne puis avouer, n’étant pas coupable.

– On va vous donner lecture de votre interrogatoire et vous signerez. »

Les gardes de Paris qui avaient amené Jeanne dans le cabinet du juge d’instruction la réintégrèrent au Dépôt, d’où elle fut extraite pour être écrouée à la prison de Saint-Lazare. Le procès s’instruisit avec une extrême rapidité, et le juge adressa les pièces à la chambre des mises en accusation qui envoya l’accusée devant les assises de la Seine.

Les membres de la cour appliquèrent les articles de la loi. Jeanne Fortier fut condamnée à la réclusion à perpétuité.

En entendant prononcer cette condamnation terrible, la malheureuse poussa un cri de douleur et s’évanouit. Quand elle reprit connaissance, elle prononçait des phrases incohérentes. Une violente fièvre cérébrale venait de s’emparer d’elle et mettait sa vie en danger.