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d’avenir. Non-seulement la France se relevait de son abaissement, mais un esprit de paix, de fraternité semblait naître entre les peuples séparés par des haines héréditaires. En 1867, Paris avait offert à toutes les nations réunies dans une rivalité pacifique sa fastueuse hospitalité ; en 1867 et 1869, des craintes de guerre bientôt dissipées avaient provoqué en France et en Allemagne, surtout parmi les classes ouvrières, d’unanimes manifestations en faveur de la paix. Il n’était plus question que de progrès sociaux, de réformes libérales. L’esprit de 1789, l’esprit de 1848 se réveillait, sans crédulité ni chimères, fondant la fraternité des nations sur l’affermissement de la patrie, et l’union des classes sur l’unité de la France. Michelet voyait déjà réunis « tous les drapeaux des nations, le tricolore vert d’Italie (Italia mater), l’aigle blanc de Pologne (qui saigna tant pour nous !), le grand drapeau du Saint-Empire, de ma chère Allemagne, noir, rouge et or ! »

En 1848, ces rêves splendides avaient été dissipés par les fusillades des journées de Juin. En 1870 le réveil ne fut pas moins terrible.

Au moment où la ruse ambitieuse