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ces animaux graves, doux, résignés, amis de l’ordre et du confort, pour qui il avait une véritable adoration. Il y exprime non seulement sa sympathie pour eux, mais aussi sa conception de la sagesse, qui réunit Épicure à Zénon. Son idéal de vie n’était pas l’ascétisme chrétien de l’auteur de l’Imitation ou des solitaires de Port-Royal, ce n’était pas même le stoïcisme roide et outré d’Épictète, c’était le stoïcisme attendri et raisonnable de Marc-Aurèle. Il a vécu conformément à cet idéal. N’est-ce pas un assez bel éloge ?


III


Les théories des philosophes ne sont pas seulement intéressantes par ce qu’elles nous apprennent sur les choses qu’elles prétendent expliquer ; elles le sont aussi, plus encore peut-être, par ce qu’elles nous apprennent sur les philosophes eux-mêmes. Nos idées sur les choses ne sont jamais que l’impression subjective faite par le monde extérieur sur notre sensibilité et notre cerveau ; ce qu’elles expliquent le mieux, c’est notre propre constitution intellectuelle. La théorie favorite de