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II


Nous avons dit quelle fut sa vie : laborieuse, simple, sérieuse, ennoblie et illuminée par les joies de l’amitié, de la famille, de la pensée, par l’amour de la nature et de l’art. Le caractère de l’homme était en harmonie parfaite avec sa vie. Il suffisait de l’approcher pour s’en convaincre, car, si sa vie fut cachée aux yeux du monde, nul homme ne fut moins caché, moins secret pour ceux qui eurent le privilège de le fréquenter. Ce grand amant du vrai était vrai et sincère en toutes choses, dans sa pensée, dans ses sentiments, dans ses paroles, dans ses actes. Il avait, ce puissant esprit, le sérieux, la simplicité et la candeur d’un enfant ; et c’est au sérieux, à la simplicité, à la candeur avec lesquels il ouvrait ses regards naïfs et scrutateurs sur le monde et sur les hommes qu’il a dû précisément la puissance d’impression et d’expression qui est son originalité et la marque de son génie. D’où lui venaient ces rares et séduisantes qualités ?