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moins concentrée et moins solitaire. Il s’était installé avec sa mère et sa sœur dans l’île Saint-Louis. Il avait retrouvé à Paris, Planat, Paradol, About qui revenait de Grèce plus exubérant de vie et plus étincelant d’esprit que jamais ; il faisait la connaissance de Renan et par Renan celle de Sainte-Beuve ; il entretenait des relations amicales avec M. E. Havet qui avait été trois mois son professeur à l’École normale, et qui lui témoignait le plus affectueux intérêt ; Gustave Doré et Planat l’avaient mis en relation avec des artistes ; il continuait ses études de médecine et de physiologie : il s’entretenait avec Franz Wœpke[1] de philologie et de mathématiques. Ceux qui l’ont connu pendant les années 1855-1856 nous le représentent comme plein de verve et de gaieté, recherchant, non le grand monde, mais la société de camarades intelligents, avec qui il pouvait causer, discuter librement comme autrefois dans la maison de la rue d’Ulm, se détendre après les heures de travail. Ces années 1855-1856 furent des années d’activité féconde et joyeuse où Taine sentait son talent s’affermir

  1. Après la mort de Wœpke en 1864 il lui rendit un émouvant hommage dans le Journal des Débats. Cet article est réimprimé dans les Nouveaux essais de critique et d’histoire.