Page:Monnier - Les Contes populaires en Italie, 1880.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CONTES POPULAIRES EN ITALIE
31

droit chez lui, chauffa le four, y mit sa mère, et la pauvre vieille devint un morceau de charbon. Le fils désolé poussa un juron terrible en traitant l’apôtre de teigneux, puis il alla se plaindre au Maître…

— Ah ! Pierre, qu’as-tu fait ? dit celui-ci.

L’apôtre cherchait à se justifier, mais le fils hurlait en demandant sa mère. Que pouvait faire le Seigneur ? Il alla dans la maison de la pauvre vieille et il ôta de dessus saint Pierre ce grand clou.

L’apôtre eut une mère encore plus maltraitée que lui dans les légendes populaires de l’Italie. Le conte que la Messia fait sur elle est des moins édifiants ; elle nous montre dans cette mère de saint Pierre une femme avare, avide, qui ne donnait jamais un sou aux pauvres gueux. Un jour pourtant que cette mégère épluchait un poireau, elle en offrit une feuille à un mendiant qui lui demandait la charité ; ce fut l’unique bonne action de sa vie. Le Seigneur l’appela dans l’autre monde et l’envoya en enfer. Saint Pierre, qui était le chef du paradis, se tenait un jour devant sa porte, quand il entendit une voix :

— Ah ! Pierre, mon fils, vois donc comme je rôtis. Va donc chez le Maître et le prie qu’il me fasse sortir de ces misères.

Saint Pierre va chez le Seigneur et lui dit :

— Maître, j’ai ma mère qui est dans l’enfer et demande la grâce d’en sortir.

— Ta mère ? Bah ! Elle ne fit jamais un ongle de bien ; son seul plat de renfort est une feuille de poireau qu’elle a donnée à un pauvre. Tiens pourtant ! Voilà une feuille de poireau ; dis-lui qu’elle la saisisse par un bout ; tire-la par l’autre au paradis