Page:Monavon - Primavera, paru dans Le Passe-Temps, 16 juillet 1893.djvu/3

Cette page a été validée par deux contributeurs.

PRIMAVERA


SONNET


Ruisseau, que me dis-tu dans ton discret murmure ?…
Brises, souffles de mai, qui caressez la fleur,
Et dont les frais soupirs baignent ma chevelure,
Quel langage inconnu parlez-vous à mon cœur ?…

Je savais autrefois te comprendre, Ô nature !
Printemps, qui fais germer la sève et le bonheur,
Comme un livre, pour moi, s’étalait ta verdure,
Sous tes rayons voilés d’une frêle vapeur…

Vainement aujourd’hui j’écoute sous le saule
Ta voix, ta douce voix qui charme et qui console…
Ta voix s’est-elle donc éteinte pour toujours ?

Non… Mais que manque-t-il à mes sens pour l’entendre ?…
— Ô printemps des saisons ! C’est que pour te comprendre,
Il nous faut être encore au printemps des amours !


Gabriel Monavon