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LE GRILLON ET LA ROSE

IDYLLINE

La rose un jour dit au grillon :
« C’est ton tour !… Déjà mainte abeille,
Déjà maint joli papillon
M’ont coulé des vers à l’oreille.

Parle, et dis-moi si mon collier,
Fait des perles de la rosée,
M’embellit, quand il vient briller
Aux feux de l’aurore irisée…

Tu me regardes tristement,
À mes pieds tu restes des heures ;
Mais tu chantes si doucement
Qu’il semble parfois que tu pleures !… »

Or, le grillon aimait la fleur.
« — Ô reine ! ma voix est sans charme,
Je n’ai pour moi que ma douleur !… »
… Et de ses yeux tombe une larme…

« — Des poètes sois le vainqueur,
Dit la rose, c’est toi que j’aime
Humble grillon ! à toi mon cœur !…

Une larme vaut un poème ! »
Gabriel Monavon.