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L’ART

est appelé au conseil. C’était une bonne préparation pour la vie de famille ou la vie politique que cette existence en commun du père et du fils : le respect que l’homme fait commande à l’adolescent, le respect de l’homme mûr pour l’innocence de la jeunesse sont autant de solides fondements des traditions domestiques et publiques : ils fortifient les liens de la famille : ils ont communiqué surtout aux habitudes des Romains cette gravité (gravitas) morale et digne qui les a tant illustrés. Il y avait une sagesse simple et profonde tout à la fois dans l’éducation ainsi entendue : admirons-la, à ce titre ; mais sachons convenir qu’elle n’a pu réussir et n’a réussi qu’au prix du sacrifice à jamais regrettable de l’indépendance individuelle du caractère, et du renoncement aux dons des Muses, dons séduisants et féconds au milieu même de tous leurs dangers.

La danse, les jeux et le chant chez les Étrusques et les peuples sabelliques.Nous sommes réduits à l’ignorance la plus absolue en ce qui touche le progrès des arts chez les Étrusques et les Sabelliens[1]. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’en Étrurie, même avant ceux de Rome, peut-être, les danseurs, les mimes (histri, histriones), et les joueurs de flûte (subulones), avaient fait de leur art un métier, et, sans être tenus en honneur le moins du monde, allaient, pour un mince salaire, se produire devant le public étrusque, ou devant celui de Rome. Le détail le plus remarquable à noter, c’est que, dans les grandes fêtes étrusques célébrées par le prêtre fédéral en présence des douze cités, il y avait des jeux pareils à ceux de la fête romaine ; mais il ne s’ensuit nullement la preuve que les arts eussent pris, en Étrurie, un plus puissant ou plus national essor que dans le Latium, et qu’ils s’y fussent élevés à la hauteur d’un code com-

  1. Nous ferons voir, en temps et lieu convenable, que les Atellanes et les vers Fescennins n’appartiennent qu’à l’art latin, et non à l’art campanien ou étrusque.