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LIVRE I, CHAP. XV
Enos, Lases, iuvate !
Neve lue rue, Marmar, sins incurrere in pleores !
Satur fu, fere Mars ! limen sali ! sta ! berber !
Semunis alternis advocapit conctos !
Enos, Marmor, iuvato !
Triumpe[1] !
Lares, venez à notre aide !
Aux Dieux. Mars, Mars ! ne laisse pas tomber la mort et la ruine sur la foule !
Sois rassasié, féroce Mars !
À un des frères. Saute sur le seuil ! Debout ! frappe (le seuil) !
À tous. Vous d’abord, vous ensuite, invoquez tous les Sémones ! (Dieux Lares).
Au Dieu. Toi, Mars, Mars ! sois-nous en aide !
Aux frères. Sautez ! sautez ! sautez !

Le latin du chant des Arvales, et celui des rares fragments qui nous restent des chants des Saliens, était regardé par les philologues du siècle d’Auguste comme le plus ancien monument de la langue. Il est au latin de la loi des XII Tables, ce que la langue des Nibelungen est à l’allemand de Luther ; et nous pouvons fort bien, quant au fond et à l’idiome, le comparer aux Védas de l’Inde.

Chants louangeurs et satiriques.C’est aussi à l’époque primitive qu’appartiennent les chants de louange ou de moquerie. Ces derniers eurent toujours grand succès dans le Latium. Ils allaient bien au caractère du peuple ! Leur existence et leur nombre sont d’ailleurs attestés par de très anciennes prohibitions de police. Les louanges avaient toutefois plus d’im-

  1. Nos, Lares, juvate ! — Ne luem ruem (ou ruinam), Mamers, sinas incurrere in plures ! — Satur esto, fere Mars ! In limen insili ! Sta ! Verbera (limen ?) — Semones alterni advocate cunctos ! — Nos, Mamers, juvato ! — Tripudia ! — Les cinq premiers versets se répétaient trois fois, et le final cinq fois. — Notre traduction n’est rien moins que certaine, nous devons l’avouer, surtout à la troisième et à la cinquième ligne. [Ce chant a été conservé dans les Actes des frères Arvales, gravés sur deux tables de pierre, en 218 après J.-C., et trouvés à Rome en 1777 ; on en trouvera le savant commentaire au Corpus inscriptionum, publié par les soins de l’Académie de Berlin, Inscriptiones latinœ antiquissimœ, édit. Th. Mommsen), Berlin 1863, p. 29.].