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LIVRE I, CHAP. XV

niers sont primés toujours par les deux autres. Une grande procession ouvrait la fête principale des Romains ; là, derrière les images des dieux et derrière les combattants, venaient aussitôt les bandes de danseurs, les uns sérieux, les autres joyeux ; ceux-là partagés en trois groupes, les hommes faits, les adolescents, les jeunes enfants, tous portant la tunique rouge avec la ceinture de cuivre, armés d’épées ou de courtes lances ; les hommes ayant de plus le casque en tête, et parés de leur armure ; ceux-ci, rangés en deux bandes, la bande des brebis, vêtue effectivement de peaux de brebis recouvertes d’ornements bariolés, et la bande des boucs, dénudés jusqu’à la ceinture, une peau de bouc jetée sur les épaules. Les « sauteurs » (salii, saliens) furent peut-être, on l’a vu déjà, la plus ancienne et la plus sainte des corporations sacerdotales (p. 226) ; les danseurs (ludii, ludiones) prenaient place dans tous les cortèges religieux, dans les solennités funéraires ; et leur art fut une profession usuelle durant tous les temps anciens. Auprès d’eux sont les joueurs d’instruments, ou ce qui alors est la même chose, les joueurs de flûte. Eux aussi, ils assistent à tous les sacrifices, aux cérémonies nuptiales et funéraires ; leur collège (collegium tibicinum, p. 260) n’est pas moins ancien que celui des Saliens ; seulement il prend rang loin derrière lui. Quant au caractère de leur musique, on s’en rend facilement compte quand on les voit, à leur fête annuelle, courir masqués et ivres de vin doux par toutes les rues. Ils défendirent longtemps leur privilège contre les sévères efforts de la police romaine. La danse étant ainsi une affaire de religion ; les jeux, quoique après elle, faisant de même partie du programme des fêtes, rien d’étonnant à ce qu’ils aient eu leurs corporations publiques. Quelle place restait alors à la poésie, si ce n’est celle que le hasard, l’occasion lui laissaient, soit qu’elle voulût parler seule, soit qu’elle