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LIVRE I, CHAP. XIV

même où les abréviations se sont formées et fixées, remonte bien au delà de la publication des XII Tables ; si, enfin, l’on réfléchit, qu’entre l’introduction de l’écriture et la création d’un système d’abréviations conventionnelles, il a dû nécessairement s’écouler un long intervalle, on est conduit, bon gré malgré, à reporter, et pour l’Étrurie et pour le Latium, les commencements de l’art de l’écriture jusque dans des temps assurément plus voisins de la seconde période égyptienne de Sirius[1], dans l’ère historique, ou, si l’on veut, plus rapprochés de l’année 1382 avant J.-C. que de l’an 776, lequel sert de point de départ à la chronologie grecque des Olympiades[2]. Il est aussi d’autres et nombreux vestiges qui témoignent de la haute antiquité de cet art, à Rome. Les monuments écrits appartenant à l’ère des rois, y ont existé ; l’histoire l’atteste. Citons le traité entre Gabies et Rome, conclu par l’un des Tarquins, et non pas par le dernier d’entre eux, à ce qu’il semble. Inscrit sur la peau d’un taureau expressément sacrifié pour la circonstance, il était religieusement conservé, au haut du Quirinal, parmi les trésors d’antiquités du temple de Sancus, qui paraît avoir été brûlé lors de l’invasion gauloise. Citons aussi l’acte d’alliance avec le Latium dressé sous Servius Tullius, et que Denys d’Halicarnasse put lire encore sur une table d’airain dans le temple de Diane Aventine. Ce n’était là, sans doute,

  1. [Ou période Sothiaque, ainsi appelée parce qu’elle commençait et finissait avec le Lever héliaque de Sothis, l’étoile de Sirius ou du chien. Elle durait 1460 ans.]
  2. Si le raisonnement est exact, les poésies homériques (et je n’entends pas parler ici, cela va de soi, de la rédaction définitive que nous avons dans les mains), les poésies homériques, dis-je, remontent à une date bien antérieure à celle qu’Hérodote assigne à l’époque où florissait Homère (100 ans avant Rome). Il est certain, en effet, que si l’introduction de l’alphabet grec en Italie se place au début des premières relations commerciales entre les Italiens et les Grecs, elle a été aussi tout à fait postérieure aux temps homériques.