Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 1.djvu/305

Cette page a été validée par deux contributeurs.
285
POIDS ET MESURES ET ÉCRITURE

traire, ou mis en rapport avec leurs fêtes anniversaires. Tel fut le calendrier d’Albe, par exemple, où les mois variaient entre seize et trente-six jours. Il est probable aussi que la Triétérie grecque de l’Italie du sud (τριετηρίς, période et fête triennale) a été de bonne heure adoptée par les Latins, et peut-être même par les autres peuples italiques ; elle a dû subir, d’ailleurs, dans les calendriers des diverses cités, des modifications de détail nombreuses.

Quand les Romains voulurent mesurer de plus longues périodes d’années, ils purent assurément compter par le règne de leurs rois ; je doute pourtant que ce mode spécial à l’Orient ait été dès cette époque adopté par la Grèce et par l’Italie. Mais dans la période quadriennale intercalaire, avec cens et purifications expiatoires de la ville, dans le calcul des lustres, enfin, je vois une institution et une computation en rapport frappant avec le calcul des olympiades helléniques[1]. Seulement, toutes concordances chronologiques se sont évanouies par l’effet de l’irrégularité croissante des opérations censitaires.

Les alphabets grecs en Italie.L’écriture phonétique est plus jeune que la science des mesures. Les Italiens pas plus que les Grecs n’ont eu une écriture nationale ; quoique pourtant en ce qui concerne les premiers, on en pourrait trouver le germe dans leurs signes numériques, et dans les sorts ou tailles de bois enfilées, dont ils usèrent primitivement en dehors de toute tradition ou influence hellénique. Un seul et unique alphabet, transmis de race à race, et de peuple à peuple, a suffi et suffit encore à défrayer tout le groupe des civilisations araméenne, indienne et gréco-romaine, ce qui prouve combien a été difficile l’individualisation première

  1. [Le cens se faisait tous les cinq ans. Il était accompagné des lustrations et des sacrifices (lustrum), après lesquels les censeurs résignaient leurs fonctions. — V. Freund, Dict. lat., vo Lustrum, et surtout Smith, Dict. of Greek and Roman antiquities (London, 1856), vis Census, Lustrario, Lustrum.]