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LIVRE I, CHAP. XIV

calendrier nouveau des Romains. Elle eut sans doute pour raison déterminante la foi dans la puissance salutaire des nombres impairs. Tout en prenant, pour base, en général, l’antique forme de l’année grecque, on voit clairement, qu’elle s’en écarte dans les détails, et qu’elle subit l’influence décisive des doctrines de Pythagore, toutes puissantes alors en Italie, et tout imprégnées, comme on le sait, du mysticisme des nombres. En conséquence, s’il garde la trace d’un effort manifeste pour se mettre en harmonie avec les révolutions solaire et lunaire à la fois, ce calendrier ne tombe jamais d’accord en réalité avec le cours de la lune, comme le faisait son devancier chez les Grecs, du moins dans l’ensemble. Et quant aux saisons ou temps solaires annuels, il ne lui était possible de les suivre, qu’en procédant à l’instar du calendrier grec primitif, et en se surchargeant de nombreuses intercalations arbitraires : encore la concordance demeure-t-elle toujours très-imparfaite. Les Romains ne pouvaient guère manier leur calendrier d’une façon plus intelligente qu’ils ne l’avaient conçu. Conserver obstinément l’ordonnance des mois, ou, ce qui est la même chose, le calcul par année décamensuelle, c’était reconnaître tacitement, mais de façon explicite, l’irrégularité et l’insuffisance de l’ancienne année solaire romaine. Le calendrier de Rome semble avoir été, en général, suivi par les Latins, dans les parties essentielles de son système. Alors qu’en tous pays, on voit varier et la date du commencement de l’année et les noms des mois ; de simples divergences dans les numéros d’ordre, et dans les désignations n’empêchent pas l’existence d’une base et d’une ordonnance commune. De même aussi, dans chacun de leurs calendriers spéciaux, sans cesser d’avoir les yeux sur les mouvements de la lune, les Latins ont pu facilement accepter des mois d’une durée arbi-