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LIVRE I, CHAP. XIII

plaire de la monnaie de Solon. Nous avons vu qu’après l’alliance maritime établie entre les Étrusques et les Carthaginois, les relations commerciales entre les deux nations ont prédominé peut-être ; et si dans les tombeaux les plus anciens de Cœré on a trouvé beaucoup d’objets de bronze ou d’argent de fabrique indigène, on y a recueilli en plus grande quantité encore des pièces d’art oriental, que les marchands grecs ont bien pu apporter eux-mêmes, mais que tout porte à croire plutôt de provenance phénicienne. Non qu’il faille donner à ce commerce avec les Phéniciens une importance trop grande : il y aurait méprise à oublier que l’honneur revient aux Grecs d’avoir, à l’aide de leur alphabet et de leurs autres importations, civilisé en réalité et fécondé l’Étrurie.

Le commerce du Latium suivit une tout autre voie. Si rares que soient les occasions de comparer l’usage que font les Étrusques et les Romains des données fournies par la Grèce, on voit les deux peuples travailler sur le même canevas d’une façon absolument indépendante ; et l’on remarque de plus que deux races grecques différentes ont influé sur l’une et l’autre civilisation. Prenez les alphabets latins et étrusques ; vous serez aussitôt frappé d’une divergence accusant celle des origines. L’alphabet étrusque est essentiellement primitif : il ne laisse même plus deviner la localité où il a pris naissance. Celui des Latins, au contraire, par les signes et les formes, rappelle l’alphabet usité dans les colonies chalcidiennes et doriennes de l’Italie et de la Sicile. Le même phénomène se reproduit dans les mots. Le Pollux romain et le Pultuké des Étrusques sont tous les deux l’altération spontanée et locale du Polydeukès hellénique. L’Uthuzé (ou Utuzé) toscan est un dérivé de l’Odysseus grec, dont l’Ulysse (Ulixes) romain reproduit simplement la dénomination siciliote. L’Aivas étrusque répond à la forme