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LIVRE I, CHAP. XIII

rables, soit pour les instruments de culture, soit pour les armes. Or ces métaux, peu de pays les produisaient : le cuivre ou l’airain (æs) devint bientôt un deuxième article d’importation et d’échange : les Latins, qui ne l’avaient pas chez eux, l’adoptèrent comme type, et son nom même passa dans la langue commerciale à titre estimatif de la valeur (æstimatio ; æs-tumo). À un autre point de vue, cet usage partout accepté d’un équivalent commun des échanges ; les signes de la numération, de pure invention italienne, et dont nous aurons plus loin à décrire les combinaisons si simples (ch. xiv) ; enfin le système duodécimal, tel que nous le verrons en vigueur ; tous ces faits remarquables attestent, sans qu’on s’y puisse méprendre, l’existence et l’activité d’un marché intérieur qui mettait exclusivement en contact tous les peuples de la Péninsule.

Mais vint le jour des transactions commerciales avec l’étranger d’au delà des mers. Nous en avons fait connaître ailleurs les principaux résultats en ce qui touche les Italiens demeurés indépendants (ch. x). Les races sabelliques échappèrent à peu près complètement à leur influence, cachées qu’elles étaient derrière la bande étroite et inhospitalière de leurs côtes. Ce qu’elles reçurent du dehors, leur alphabet, par exemple, leur fut transmis par les Latins ou les Étrusques : de là, chez elles, l’absence de grands centres urbains. À la même époque, les relations de Tarente avec l’Apulie et la Messapie semblent sans importance encore. Mais il en est tout autrement à l’ouest. Grecs et Italiens vivent paisiblement ensemble dans la Campanie : et il se fait en Étrurie et dans le Latium un mouvement régulier et étendu d’échanges. Nous savons quels étaient les articles d’importation, en nous aidant des trouvailles faites dans les fouilles et dans les anciens tombeaux, ceux de Cœré, notamment ; en constatant les traces nombreuses laissées