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L’AGRICULTURE, L’INDUSTRIE ET LE COMMERCE

limitrophes. La masse abrupte de la montagne, s’élevant isolée au milieu de la plaine du Tibre, offre de loin un but non méconnaissable aux voyageurs. Elle touche à la fois aux frontières des Étrusques et des Sabins, quoiqu’elle appartienne plutôt au territoire de ces derniers : en même temps, elle est d’accès facile pour qui vient du Latium ou de l’Ombrie. C’est là que les Romains se rendaient en foule pour affaires de négoce ; c’est là, enfin, que les injures fréquemment reçues donnèrent naissance à de nombreux démêlés avec les Sabins.

Ce commerce d’échanges et de ventes était depuis longtemps fort actif, quand apparurent dans la mer occidentale les premiers vaisseaux grecs ou phéniciens. La récolte avait-elle manqué, les voisins fournissaient du grain aux cités en proie à la disette : bétail, esclaves, métaux, toutes les marchandises enfin qui semblaient alors nécessaires ou désirables, trouvaient un marché facile dans les foires. La première monnaie d’échange consista d’abord en bœufs et en brebis, le bœuf comptant pour dix brebis. Étalons communs et légaux de la valeur en échange ou du prix, mesure réciproque du rapport entre le petit et le grand bétail, nous retrouverons ces animaux servant aussi de monnaie jusqu’au fond de la Germanie elle-même : bien avant les Grecs et les Italiens, au temps des peuples pasteurs, ils accomplissent déjà la même utilité[1]. Mais il fallait aux Italiens des métaux en quantités considé-

  1. Ce rapport légal de valeur entre les brebis et les bœufs a été fixé au chiffre proportionnel de 1 pour 10 à raison de ce que, lors de la conversion en argent de la prestation en bétail des amendes expiatoires, la brebis fut taxée à 10 as, le bœuf à 100 (Festus, vo Peculatus, p. 237, cf. p 24, 144. — A. Gell., II, 1 — Plutarch., Poplicola, 11). La même appréciation se retrouve dans la loi islandaise : la vache y vaut 12 moutons : seulement, comme on le voit, le droit allemand substitue le système duodécimal au système décimal primitif. — Nous n’insisterons plus sur la dénomination latine adoptée pour désigner l’argent (pecunia) ; le même fait s’est produit chez les Germains (fee, en anglais [de l’allemand Vieh]).