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LIVRE I, CHAP. XII

ces cultes, empruntés aux religions étrangères, n’ont jamais exercé dans Rome une influence décisive ; et le naturalisme symbolique des âges primitifs y est également tombé bientôt en ruines, à en juger par la rareté et l’insignifiance de ses vestiges (comme la légende des bœufs de Cacus (p. 24), par exemple). Prise dans son ensemble et dans son caractère général, la religion romaine a bien été la création originale et systématique du peuple qui l’a pratiquée.

Religion sabellique.Des cultes sabelliques et ombriens, nous ne savons que peu de chose : ils semblent toutefois reposer sur les mêmes bases que la religion latine, sauf les différences locales de formes et de couleurs. Que des différences existassent, c’est ce que prouve l’institution à Rome d’une congrégation spéciale pour le maintien du rite sabin (p. 60) ; mais on voit aussitôt en quoi elles consistaient. Chez les deux peuples, les dieux étaient consultés dans le vol des oiseaux ; seulement, ces oiseaux n’étaient pas les mêmes, suivant que les Titiens ou les augures des Ramniens avaient à les interroger. D’ailleurs, les ressemblances se retrouvent sur tous les points : et si le langage sacré, si les rites varient, les deux peuples ont en commun la notion du dieu impersonnel de sa nature, et image abstraite d’un phénomène terrestre. Aux époques contemporaines, les différences du culte étaient chose grave sans doute ; pour nous, il n’est plus possible d’y saisir des traits caractéristiques bien distincts.

Religion étrusque.Un autre esprit, visible encore sous les débris de leur système sacré, régnait dans la religion des Étrusques. Un mysticisme sombre et fastidieux, le jeu des nombres, la pronostication par les signes, l’intronisation solennelle d’une superstition radoteuse qui, dans tous les temps, sait trouver et dominer son public, tels sont les caractères de ce culte. Nous ne le connaissons pas, à beau-