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RELIGION

n’est autre que leur Mercure ; le dieu de la santé, Asclapios ou Æsculape (Æsculapius), toutes ces divinités grecques furent également connues à Rome de toute antiquité, bien qu’elles n’y aient reçu que plus tard des prières publiques. C’est aussi aux époques reculées que remonte le nom de la fête de la bonne déesse (bona dea), le damium[1], qui répond au grec δάμιον ou δήμιον. Le dieu protecteur des métairies, l’Hercule italien (Hercules ou Herculus, de hercere, maintenir la paix), ne tarda point à se confondre avec le dieu héros tout autre que les Hellènes appelaient (p. 224) Héraklès. Ne faut-il pas, voir enfin des emprunts véritables bien plus que la coïncidence primitive des dogmes, dans les mêmes noms donnés par les deux peuples au dieu du vin, au libérateur (Lyœos, Lyœus, liber pater), qui chasse les soucis ; au dieu qui règne sous les abîmes terrestres (Ploutôn, dis pater[2]), à Pluton, « dispensateur des richesses » ; à Perséphoné, son épouse, à laquelle, sous la dénomination latine assonante de Proserpine (Proserpina, qui fait germer[3]), on avait transporté les attributs de la divinité grecque. Citons, en dernier lieu, la déesse de la confédération romano-latine ; la Diane du mont Aventin, qui semble une contrefaçon de l’Artémis d’Éphèse, déesse de la confédération des Ioniens de l’Asie Mineure. Son image de bois sculpté dans son temple de Rome était la reproduction pure du type éphésiaque (p. 152). Si la religion araméenne a jeté quelques rameaux éloignés jusque dans l’Italie des temps primitifs, elle ne l’a pu faire, on le voit, que par les mythes intermédiaires d’Apollon ; de Dionysos, de Pluton, d’Héraklès et d’Artémis : tout imprégnés des idées orientales à leur origine. Mais

  1. [V. Preller, p. 355.]
  2. [Ou Ditis pater.]
  3. [Quod sata in lucem proserpant, cognominatam esse Proserpinam. Arnob., III, 33.]