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RELIGION

belliques, sont, à n’en point douter, semblables, ou peu s’en faut, à l’antique religion de Rome. Les flamines, les saliens, les luperques et les vestales, ne sont point évidemment d’institution purement romaine. Tous les Latins les possédaient ; et ce n’est point d’après un formulaire romain que les trois premiers collèges des prêtres ont été tout d’abord pareillement créés dans les cités apparentées à Rome. — Ajoutons enfin que si l’État réglemente le culte des divinités publiques, chaque citoyen a droit d’en faire autant pour ses divinités domestiques ; il leur offre des sacrifices, il leur consacre des temples, et leur assigne des serviteurs.

Experts sacrés.La classe des prêtres était donc nombreuse à Rome ; et cependant, quand un citoyen avait affaire aux dieux, il ne les prenait pas pour intermédiaires. Quiconque prie ou fait un vœu, s’adresse directement à la divinité : la cité, par la bouche du roi ; la curie, par celle du curion ; la chevalerie, par ses chefs. Jamais le prêtre n’est en tiers, et ne vient cacher ou obscurcir la notion primitive et simple de l’invocation personnelle. Mais il n’est point facile de converser avec les dieux. Les dieux ont leur langage, intelligible à celui-là seul qui en a la clef : et l’homme instruit dans ce saint commerce ne sait pas seulement interpréter la volonté divine, il sait aussi l’incliner en un sens favorable, la surprendre même et la dompter, s’il le faut. De là pour l’adorateur des dieux, l’habitude d’appeler auprès de lui des experts attitrés dont il prendra le conseil : de là, l’organisation toute religieuse de ceux-ci en une corporation spéciale : de là enfin, cette institution profondément nationale et italique, destinée à jouer dans la politique un bien autre rôle que les prêtres ou les corporations sacerdotales. C’est à tort qu’on a souvent confondu les uns avec les autres : celles-ci ont pour mission le culte proprement dit de leur dieu ; ceux-là gardent la tradition de