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LES HELLÈNES, L’EMPIRE DES MERS

si celui-ci, s’enrichit vite dans son double métier de corsaire et de grand commerçant, il rapporta vite aussi dans la mère patrie le luxe effréné et les mœurs licencieuses, cet infaillible poison qui tua si rapidement la puissance étrurienne.

Rivalité des Phéniciens et des Hellènes.La lutte des Étrusques, et aussi, dans de moindres proportions, celle des Latins contre l’hellénisme colonisateur, ne resta pas circonscrite entre ces peuples : ils entrèrent forcément dans le cercle plus vaste des rivalités qui se disputaient alors le commerce et la navigation de la Méditerranée tout entière. Les Phéniciens et les Hellènes se rencontraient alors partout. Ce ne serait point ici le lieu de décrire les combats des deux grands peuples maritimes, au temps des rois de Rome ; combats dont la Grèce, l’Asie Mineure, la Crète, Chypre, les côtes africaines, espagnoles et celtiques étaient tour à tour le théâtre. Mais si ces batailles ne furent point livrées sur le sol de l’Italie, elle n’en ressentit pas moins longtemps et profondément les contre-coups. Le plus jeune des peuples rivaux l’emporta tout d’abord, grâce à son énergie toute neuve et à l’universalité de son génie. Les Hellènes firent disparaître tous les comptoirs phéniciens créés jadis dans leurs deux patries européenne et asiatique ; puis, ils chassèrent les Phéniciens des îles de Crête et de Chypre ; et mettant le pied en Égypte, et de là allant à Cyrène, ils se répandirent, comme on l’a vu, dans l’Italie du sud, et occupèrent la plus grande partie de la Sicile orientale. Partout, leur colonisation plus puissante balaya les petites étapes commerciales de la Phénicie. Déjà ils avaient fondé Sélinonte (628 av. J.-C.126) et Acragas [Agrigente], (580 av. J.-C.174), dans la Sicile occidentale ; déjà les hardis Phocéens de l’Asie Mineure avaient parcouru les mers de l’ouest, fondé Massalia [Marseille] sur la côte celtique (vers 699 av. J.-C.150), et fait la reconnaissance des rivages espagnols. Mais tous ces