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LIVRE I, CHAP. X

nom de l’île d’Æthalia (Ilva, Elba, l’île d’Elbe), qui semble, après celle d’Ænaria [Ischia], avoir été la plus tôt visitée : peut-être aussi dans le nom du port de Télamon [Talamone porto], en Étrurie ; dans celui des deux villes de la côte de Cœré, Pyrgi [près Santa Severa] et Alsion [près de Palo]. L’origine hellénique de ces villes se révèle en outre dans l’appareil architectural des murailles de Pyrgi, lequel est absolument différent des systèmes cœritique, et surtout étrusque. L’Æthalia, « l’île du feu », a probablement joué tout d’abord un rôle dans ce mouvement maritime. Ses riches mines de cuivre et de fer y appelèrent l’affluence des étrangers, et y constituèrent un centre commercial entre eux et les indigènes : car, sans commerce avec la terre ferme, cette île étroite et non boisée, n’aurait pu fournir le combustible nécessaire à la fonte des minerais. Les Grecs enfin ont peut-être connu et exploité les mines d’argent de Populonia, situées sur un promontoire, en face de l’île d’Elbe [Piombino].

En ces temps, on menait de front le commerce et la piraterie sur terre et sur mer. Les nouveaux venus ne se firent, sans doute, nul scrupule de piller et de brûler quand ils en trouvaient l’occasion, et d’emmener en esclavage les habitants des contrées qu’ils visitaient. Ceux-ci, de leur côté, exercèrent de justes représailles. La légende, d’accord en cela avec la réalité, rapporte que les Latins et les Tyrrhéniens surent se défendre avec énergie et succès. Les Italiques, dans la région moyenne, repoussèrent vigoureusement les étrangers : ils se maintinrent dans leurs villes et leurs havres, ou les reconquirent promptement : et de plus, ils demeurèrent les maîtres des mers avoisinantes. L’invasion hellénique, qui apportait l’oppression et la dénationalisation aux races du Sud, n’a fait autre chose, contre le gré des envahisseurs eux-mêmes, que d’enseigner les arts de la