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LES HELLÈNES, L’EMPIRE DES MERS

presque toutes les villes chalcydiques de l’Italie et de la Sicile, ils suivaient les lois rédigées par Charondas de Catane (en l’an 654 av. J.-C.100), instituant une démocratie tempérée par un cens élevé, donnant le pouvoir à un conseil de citoyens choisis parmi les riches : lois durables par cela même, et qui préservèrent souvent les cités ioniennes de la tyrannie des usurpateurs, et de la tyrannie de la multitude. D’ailleurs, nous ne savons que peu de chose de l’histoire extérieure des Grecs Campaniens. Par la force des choses, ou par leur libre choix, ils restèrent, plus que les Tarentins même, enfermés dans des limites territoriales très-circonscrites : ils n’en sortirent jamais en conquérants pour assujettir les indigènes ; et, nouant avec eux de simples rapports d’amitié ou de commerce, ils se créèrent une douce et heureuse existence, et prirent à la fois le premier rang parmi les missionnaires de la civilisation grecque en Italie.

Les deux cités du détroit de Rhegium ; tout le rivage méridional, et tout le rivage occidental jusqu’au Vésuve, sur la terre ferme ; dans la Sicile, la plus grande moitié orientale de l’île, étaient devenues terres grecques. Il n’en fut pas de mêmes des régions de l’Ouest, au nord du Vésuve, et de toute la côte orientale de la Péninsule. On ne trouve nulle part trace d’établissements créés sur le rivage italien de l’Adriatique. Entre ce fait remarquable, et la rareté presqu’aussi grande des colonies, presque toujours sans importance, fondées en face, sur la côte illyrienne, ou dans les îles nombreuses qui la bordent, il y a une concordance singulièrement frappante. Toutefois, sur un point tout rapproché de la Grèce propre, deux places commerciales considérables, Epidamne (plus tard Dyrrachium, Durazzo), et Apollonie (non loin d’Avlona), s’étaient élevées dans les temps qui précédèrent l’expulsion des rois romains : la première, en 627, 587 av. J.-C.127 ; la seconde, en 167. Plus au nord,