Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 1.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
LIVRE I, CHAP. X

ainsi naturellement. Les Ioniens pratiquaient depuis longtemps le commerce et la navigation ; les races doriennes, au contraire, n’ont quitté que plus tard leurs retraites perdues dans les montagnes, pour descendre vers les côtes : elles étaient restées étrangères aux affaires commerciales. Les différents groupes d’émigrés se distinguent d’une façon remarquable par le titre de leur monnaie. Les Phocéens frappent la leur sur le pied de la monnaie babylonienne, lequel prédomine en Asie. Les villes chalcydiques suivent d’abord le pied éginétique, usité dans presque toute la Grèce européenne ; puis elles adoptent la modification que l’Eubée a aussi admise. Les villes achaïques suivent l’étalon corinthien ; les villes doriennes adoptent à la fin les valeurs introduites par Solon dans l’Attique, l’an 594 av. J.-C.160 de Rome. Toutefois, Taras et Héraclée, pour toutes leurs monnaies importantes, imitent de préférence celles de leurs voisins achéens, et se séparent en cela de leurs compatriotes doriens de la Sicile.

Date de la colonisation grecque.Les premières expéditions des Grecs, leurs premiers établissements remontent à une date qu’il sera toujours difficile de préciser. Quelques conjectures semblent pourtant permises. Dans les plus anciens monuments de la littérature hellénique (appartenant aux Ioniens de l’Asie, comme aussi les premiers actes de commerce avec l’Occident) ; dans les poëmes d’Homère, l’horizon géographique, s’étend à peine encore au delà du bassin oriental de la Méditerranée. Quelques navigateurs, jetés par la tempête dans les parages occidentaux, avaient bien pu dire l’existence d’une grande terre au delà ; ils avaient parlé sans doute des tourbillons dangereux, et des îles vomissant le feu qu’ils avaient rencontrés. Il n’est pas moins certain que, dans le pays même de la Hellade où fut ouverte à la civilisation sa voie nouvelle, l’Italie, la Sicile étaient à peu près inconnues. Les faiseurs de contes et