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LES ÉTRUSQUES

besoin d’un assez long temps avant de franchir le Pô : aussi, la civilisation tusco-ombrienne s’était-elle enracinée plus profondément sur la rive droite que sur la rive gauche, de bonne heure abandonnée. Quoi qu’il en soit, les régions au nord de l’Apennin changèrent trop souvent et trop vite de maîtres, pour qu’il s’y pût former alors une nationalité durable ; mais le grand établissement fondé par les Étrusques dans la contrée qui porte leur nom est d’une haute importance historique. Que les Ligures ou les Ombriens (p. 154) y soient venus un jour, peu importe : les vestiges de leur passage ont été presque entièrement effacés par l’occupation étrusque, et la civilisation qui s’y est développée. Là, depuis les côtes de Pise, jusqu’à Tarquinies [Corneto], et à l’est jusqu’à la chaîne Apennine, la nationalité étrusque s’est fondée à demeure, et s’est maintenue, opiniâtre et vivace, même jusque sous les empereurs. Au nord, l’Arnus [Arno] formait la frontière : plus loin et en remontant vers l’embouchure de la Macra [Magra], et les contreforts de l’Apennin, le territoire était disputé ; il appartint tantôt aux Ligures et tantôt aux Étrusques. Il ne s’y fonda pas de grands établissements. La frontière du sud, placée d’abord à la forêt Ciminiénne (Ciminius saltus), chaîne de collines courant entre Viterbe et le Tibre, fut ensuite portée jusqu’au fleuve. Nous avons constaté déjà (p. 154) que cette région, où s’élevèrent les villes de Sutrium [Sutri], Nepete [Nepe], Faléries [non loin de Civita-Castellana], Véies [près d’Isola-Farnese], Cœré [Cervetri], ne furent occupées par les Étrusques que longtemps après la région du nord, et peut-être seulement au second siècle de Rome. La population italique s’y maintint, encore, mais dans un état de sujétion, notamment à Faléries. Le Tibre étant devenu la limite étrusque du côté de l’Ombrie et du Latium, les rapports internationaux s’y établirent sur