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LIVRE I, CHAP. IX

maternelle d’ordinaire : ainsi Canial, dans une inscription bilingue de Chiusi, est traduit par ces mots Cainia natus. La finale sa, dans les noms des femmes, indique la famille à laquelle elles sont alliées par le mariage. Ainsi l’épouse d’un certain Licinius s’appelle Lecnesa. Citons quelques mots : cela ou clan, faisant clensi dans les cas déclinés, veut dire fils ; seχ veut dire fille ; ril, année. Le Dieu Hermès s’appelle Turms ; Aphrodite, Turan ; Hephæstos, Sethlans ; Bacchus, Fufluns : ce sont là autant de formes et de sons étrangers. À côté d’eux pourtant se rencontrent quelques analogies non méconnaissables avec les langues italiques. Les noms propres sont formés en général de la même manière que dans ces dernières. Ainsi, de même qu’on trouve chez celles-ci la terminaison enas ou ena[1] indicative de la famille et correspondant avec l’enus sabellique ; de même les noms étrusques Vibenna, Spurinna, correspondent exactement aux Vibius, Vibienus, Spurius des Romains. On lit fréquemment sur les monuments des noms de dieux ; on en rencontre aussi chez les auteurs, qui sont donnés comme étrusques, et qui semblent, soit par leur radical, soit souvent par leur terminaison même, d’une formation évidemment identique au latin ; au point que s’ils étaient réellement et originairement étrusques il faudrait en conclure l’étroite affinité des deux langues : citons usil (le soleil et l’aurore, cf. avec ausum, aurum, aurora, sol) ; Minerva (menervare) ; Lasa (lascivus) ; Neptunus ; Voltumna. Hâtons-nous de dire que ces analogies remarquables s’expliquent très-bien par les contacts politiques et religieux, si fréquents plus

  1. Sic : Mæcenas, Porsena, Vivenna, Cæcina, Spurinna. La voyelle de la syllabe pénultième était longue d’abord : mais par suite du retrait de l’accent, qui fut reporté sur la première, cette voyelle devint brève, ou fut même élidée souvent. Ainsi, au lieu de Porsēna, on trouve souvent écrit Porsĕna ; au lieu de Cœcina, Ceicne.