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LIVRE I, CHAP. VIII

d’Hatria (ville noire), de Spina (ville de l’Épine), avaient reçu d’eux, sans doute, des noms décidément italiques. Ils ont laissé des traces nombreuses dans l’Étrurie méridionale, où l’on trouve le fleuve Umbro (l’Ombrone), les localités de Camars (ancien nom de Clusium), de Castrum Amerinum [près du Lago Vadimone]. De même, et dans la région la plus méridionale de cette contrée, entre la forêt Ciminienne et le Tibre (environs de Viterbe), on rencontre des vestiges non méconnaissables du passage d’une race italique antérieure aux Étrusques. Strabon rapporte qu’à Faléries sur la limite de l’Ombrie et de la Sabine, les habitants parlaient une langue autre que l’étrusque ; et l’on y a trouvé de nos jours des inscriptions, dont l’alphabet et l’idiome, tout en ayant quelques rapports avec l’étrusque, offrent dans l’ensemble une analogie grande avec le latin[1]. Le culte local y montre aussi des traces sabelliques ; et c’est à cette circonstance qu’il faut attacher les relations religieuses primitives entre Rome et Cœré. Les Étrusques n’ont arraché ces contrées aux Ombriens que longtemps après qu’ils avaient conquis la région située au nord de la forêt Ciminienne ; et même après la défaite, quelques peuplades de la race vaincue sont restées au milieu des vainqueurs. Enfin l’on constate que la conquête romaine amena chez les Ombriens une latinisation rapide et surprenante, pour qui compare ce résultat avec la persistance opiniâtre de la langue et des mœurs dans l’Étrurie du

  1. Dans cet alphabet, on remarque surtout l’r, qui emprunte la forme latine R, et non celle étrusque D ; et le Z. Il a donc été emprunté au latin primitif, et il le doit fidèlement reproduire. La langue est aussi toute voisine du latin. Marci Arcarcelini he cupa (Marcius Acarcelinius heic cubat) : Menerva A. Cottena La. f… zenatuo senten… dedet cuanto… cuncaptum, c’est-à-dire : Minarvœ A(ulus ?) Colena La(rtis) f(ilius)… de senatus sententia dedit quando (pour olim) conceptum — À côté de ces inscriptions et d’autres toutes semblables, on en a trouvé d’autres encore différant et par l’idiome et par l’écriture, et qui sont évidemment étrusques.