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LIVRE I, CHAP. VII

quelques-uns d’entre eux, des familles entières même, furent admis au droit de cité, autrement dit, au patriciat. Sous les empereurs, on citait encore des familles Albaines, ainsi introduites dans Rome, avec droit de cité, après la ruine de leur patrie ; les Jules, les Serviliens, les Quinctiliens, les Clœliens, les Géganiens, les Curiaces, les Métiliens. Ces familles perpétuaient les souvenirs de leur origine, en entretenant des sanctuaires sur l’ancien territoire d’Albe : c’est ainsi que la chapelle des Jules à Bovilles redevint illustre à l’établissement de l’empire.

La centralisation ainsi opérée par la fusion de plusieurs petites cités dans une cité plus grande, n’était rien moins que le résultat d’une pensée appartenant en propre aux Romains. Les peuples latins et sabelliques ne sont pas les seuls chez lesquels l’histoire montre la lutte entre le particularisme des cantons et le mouvement vers l’unité nationale : la civilisation des Hellènes offre le même phénomène. Ainsi que pour Rome dans le Latium, la concentration des tribus en un seul État fit la fortune d’Athènes dans l’Attique. Le sage Thalès indiqua cette réunion aux peuples de l’Ionie, comme l’unique moyen de sauver leur nationalité. Mais Rome poursuivit l’idée de l’unité avec une persistance, une logique et un bonheur qu’on ne retrouve nulle part en Ionie ; et de même qu’en Grèce le rang éminent occupé par Athènes était dû à une centralisation précoce, de même Rome dut aussi sa grandeur à l’application plus complète et plus énergique encore d’un système politique semblable.

Hégémonie de Rome sur le Latium.Les premières conquêtes de Rome dans le Latium eurent pour résultat immédiat l’agrandissement de la cité et de son territoire : mais la conquête d’Albe entraîna de plus des conséquences immenses. Si la tradition fait grand bruit de cet exploit des Romains, ce