Page:Molière - Théâtre complet, 1922, tome01.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ANDRÈS, à Célie.

Qui l’aurait jamais cru, que cette ardeur si pure
Pût être condamnée un jour par la nature !
Toutefois tant d’honneur la sut toujours régir,
Qu’en y changeant fort peu, je puis la retenir.

CÉLIE

Pour moi, je me blâmais, et croyais faire faute
Quand je n’avais pour vous qu’une estime très haute.
Je ne pouvais savoir quel obstacle puissant
M’arrêtait sur un pas si doux et si glissant,
Et détournait mon cœur de l’aveu d’une flamme
Que mes sens s’efforçaient d’introduire en mon âme.

TRUFALDIN

Mais, en te recouvrant, que diras-tu de moi
Si je songe aussitôt à me priver de toi,
Et t’engage à son fils sous les lois d’hyménée ?

CÉLIE

Que de vous maintenant dépend ma destinée.