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CÉLIE

Quoi ?

MASCARILLE

Quoi ? La fin d’une vraie et pure comédie.
La vieille Égyptienne, à l’heure même…

CÉLIE

La vieille Égyptienne, à l’heure même…Eh bien ?

MASCARILLE

Passait dedans la place, et ne songeait à rien,
Alors qu’une autre vieille assez défigurée,
L’ayant de près au nez longtemps considérée,
Par un bruit enroué de mots injurieux
A donné le signal d’un combat furieux
Qui pour armes pourtant, mousquets, dagues ou flèches,
Ne faisait voir en l’air que quatre griffes sèches,
Dont ces deux combattants s’efforçaient d’arracher
Ce peu que sur leurs os les ans laissent de chair.
On n’entend que ces mots, chienne, louve, bagasse !
D’abord leurs scoffions ont volé par la place,
Et laissant voir à nu deux têtes sans cheveux,
Ont rendu le combat risiblement affreux.
Andrès et Trufaldin, à l’éclat du murmure,
Ainsi que force monde, accourus d’aventure,
Ont à les décharpir eu de la peine assez,
Tant leurs esprits étaient par la fureur poussés.
Cependant que chacune, après cette tempête,
Songe à cacher aux yeux la honte de sa tête,
Et que l’on veut savoir qui causait cette humeur,
Celle qui la première avait fait la rumeur,
Malgré la passion dont elle était émue,
Ayant sur Trufaldin tenu longtemps la vue :