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LA COMTESSE D’ESCARBAGNAS

encore ce manchon ; ne laissez point traîner tout cela, et portez-le dans ma garde-robe. Eh bien ! où va-t-elle ? où va-t-elle ? Que veut-elle faire, cet oison bridé ?

Andrée.

Je veux, madame, comme vous m’avez dit, porter cela aux garde-robes.

La Comtesse.

Ah ! mon Dieu, l’impertinente ! (À Julie.) Je vous demande pardon, madame. (À Andrée.) Je vous ai dit ma garde-robe, grosse bête, c’est-à-dire où sont mes habits.

Andrée.

Est-ce, madame, qu’à la cour une armoire s’appelle une garde-robe ?

La Comtesse.

Oui, butorde ; on appelle ainsi le lieu où l’on met les habits.

Andrée.

Je m’en ressouviendrai, madame, aussi bien que de votre grenier qu’il faut appeler garde-meuble.


Scène IV.

La Comtesse, Julie.
La Comtesse.

Quelle peine il faut prendre pour instruire ces animaux-là !

Julie.

Je les trouve bien heureux, madame, d’être sous votre discipline.

La Comtesse.

C’est une fille de ma mère-nourrice que j’ai mise à la chambre, et elle est toute neuve encore.

Julie.

Cela est d’une belle âme, madame ; et il est glorieux de faire ainsi des créatures.

La Comtesse.

Allons, des siéges. Holà ! laquais, laquais, laquais ! En vérité, voilà qui est violent, de ne pouvoir pas avoir un laquais pour donner des siéges ! Filles, laquais, laquais, filles, quelqu’un ! Je pense que tous mes gens sont morts, et que nous serons contraintes de nous donner des siéges nous-mêmes.