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MADAME JOURDAIN, bas, à monsieur Jourdain.

Il vous sucera jusqu’au dernier sou.

MONSIEUR JOURDAIN, bas, à madame Jourdain.

Vous tairez-vous ?

DORANTE.

J’ai force gens qui m’en prèteroient avec joie ; mais comme vous êtes mon meilleur ami, j’ai cru que je vous ferois tort si j’en demandois à quelque autre.

MONSIEUR JOURDAIN.

C’est trop d’honneur, monsieur, que vous me faites. Je vais quérir votre affaire.

MADAME JOURDAIN, bas, à monsieur Jourdain.

Quoi ! vous allez encore lui donner cela ?

MONSIEUR JOURDAIN, bas, à madame Jourdain.

Que faire ? voulez-vous que je refuse un homme de cette condition-là, qui a parlé de moi ce matin dans la chambre du roi ?

MADAME JOURDAIN, bas, à monsieur Jourdain.

Allez, vous êtes une vraie dupe.


Scène V.

DORANTE, MADAME JOURDAIN, NICOLE.
DORANTE.

Vous me semblez toute mélancolique. Qu’avez-vous, madame Jourdain ?

MADAME JOURDAIN.

J’ai la tête plus grosse que le poing, et si elle n’est pas enflée.

DORANTE.

Mademoiselle votre fille, où est-elle, que je ne la vois point ?

MADAME JOURDAIN.

Mademoiselle ma fille est bien où elle est.

DORANTE.

Comment se porte-t-elle ?

MADAME JOURDAIN.

Elle se porte sur ses deux jambes.

DORANTE.

Ne voulez-vous point, un de ces jours, venir voir avec elle le ballet et la comédie que l’on fait chez le roi ?