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ACTE I, SCÈNE II.

Je trouve que vous appuyez un peu trop sur l’argent ; et l’intérêt est quelque chose de si bas, qu’il ne faut jamais qu’un honnête homme montre pour lui de l’attachement.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.

Vous recevez fort bien pourtant l’argent que notre homme vous donne.

LE MAÎTRE À DANSER.

Assurément ; mais je n’en fais pas tout mon bonheur ; et je voudrois qu’avec son bien il eût encore quelque bon goût des choses.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.

Je le voudrois aussi ; et c’est à quoi nous travaillons tous deux autant que nous pouvons. Mais, en tout cas, il nous donne moyen de nous faire connoître dans le monde ; et il paiera pour les autres ce que les autres loueront pour lui.

LE MAÎTRE À DANSER.

Le voilà qui vient.


Scène II.

MONSIEUR JOURDAIN, en robe de chambre et en bonnet de nuit ; LE MAÎTRE DE MUSIQUE, LE MAÎTRE À DANSER, L’ÉLÈVE du maître de musique, UNE MUSICIENNE, DEUX MUSICIENS, DANSEURS, DEUX LAQUAIS.
MONSIEUR JOURDAIN.

Hé bien, messieurs ? Qu’est-ce ? Me ferez-vous voir votre petite drôlerie ?

LE MAÎTRE À DANSER.

Comment ? Quelle petite drôlerie ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Hé ! la… Comment appelez-vous cela ? Votre prologue ou dialogue de chansons et de danse.

LE MAÎTRE À DANSER.

Ah ! ah !

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.

Vous nous y voyez préparés.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je vous ai fait un peu attendre ; mais c’est que je me fais habiller aujourd’hui comme les gens de qualité ; et mon tailleur m’a envoyé des bas de soie que j’ai pensé ne mettre jamais.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.

Nous ne sommes ici que pour attendre votre loisir.