Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.
MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Et moi, monsieur de Pourceaugnac.

ORONTE.

À la bonne heure.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Croyez-vous, monsieur Oronte, que les Limosins soient des sots ?

ORONTE.

Croyez-vous, monsieur de Pourceaugnac, que les Parisiens soient des bêtes ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Vous imaginez-vous, monsieur Oronte, qu’un homme comme moi soit affamé[1] de femme ?

ORONTE.

Vous imaginez-vous, monsieur de Pourceaugnac, qu’une fille comme la mienne soit affamée[2] de mari ?


Scène VI.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, JULIE, ORONTE.
JULIE.

On vient de me dire, mon père, que monsieur de Pourceaugnac est arrivé. Ah ! le voilà sans doute, et mon cœur me le dit. Qu’il est bien fait ! qu’il a bon air ! et que je suis contente d’avoir un tel époux ! Souffrez que je l’embrasse, et que je lui témoigne…

ORONTE.

Doucement, ma fille, doucement.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, à part.

Tudieu ! Quelle galante ! Comme elle prend feu d’abord !

ORONTE.

Je voudrois bien savoir, monsieur de Pourceaugnac, par quelle raison vous venez…

JULIE s’approche de monsieur de Pourceaugnac, le regarde d’un air languissant et lui veut prendre la main.

Que je suis aise de vous voir ! et que je brûle d’impatience… !

ORONTE.

Ah ! ma fille ! Ôtez-vous de là, vous dis-je.

  1. Var.Qu’un homme comme moi soit si affamé de femme.
  2. Var.Qu’une fille comme la mienne soit si affamée de mari.