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chose ! J’amène ici ma fille pour éclaircir l’affaire en présence de tout le monde.

Clitandre
Est-ce donc vous, Madame, qui avez dit à votre mari que je suis amoureux de vous ?

Angélique
Moi ? et comment lui aurais-je dit ? Est-ce que cela est ? Je voudrais bien le voir vraiment que vous fussiez amoureux de moi. Jouez-vous-y, je vous en prie, vous trouverez à qui parler. C’est une chose que je vous conseille de faire. Ayez recours, pour voir, à tous les détours des amants : essayez un peu, par plaisir, à m’envoyer des ambassades, à m’écrire secrètement de petits billets doux, à épier les moments que mon mari n’y sera pas, ou le temps que je sortirai, pour me parler de votre amour. Vous n’avez qu’à y venir, je vous promets que vous serez reçu comme il faut.

Clitandre
Hé ! là, là, Madame, tout doucement. Il n’est pas nécessaire de me faire tant de leçons, et de vous tant scandaliser. Qui vous dit que je songe à vous aimer ?

Angélique
Que sais-je, moi, ce qu’on me vient conter ici ?

Clitandre
On dira ce que l’on voudra ; mais vous savez si je vous ai parlé d’amour, lorsque je vous ai rencontrée.

Angélique
Vous n’aviez qu’à le faire, vous auriez été bien venu.

Clitandre
Je vous assure qu’avec moi vous n’avez rien à craindre ; que je ne suis point homme à donner du chagrin aux belles ; et que je vous respecte trop, et vous et Messieurs vos parents, pour avoir la pensée d’être amoureux de vous.

Madame de Sotenville
Hé bien ! vous le voyez.

Monsieur de Sotenville
Vous voilà satisfait, mon gendre. Que dites-vous à cela ?

George Dandin
Je dis que ce sont là des contes à dormir debout ; que je sais bien ce que je sais, et que tantôt, puisqu’il faut parler net, elle a reçu une ambassade de sa part.

Angélique