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Hé bien ! avez-vous fait votre message ?

Lubin
Oui, j’ai trouvé là-dedans une certaine Claudine, qui tout du premier coup a compris ce que je voulais, et qui m’a fait parler à sa maîtresse.

George Dandin, à part.
Ah ! coquine de servante !

Lubin
Morguéne ! cette Claudine-là est tout à fait jolie, elle a gagné mon amitié, et il ne tiendra qu’à elle que nous ne soyons mariés ensemble.

George Dandin
Mais quelle réponse a fait la maîtresse à ce Monsieur le courtisan ?

Lubin
Elle m’a dit de lui dire… Attendez, je ne sais si je me souviendrai bien de tout cela… Qu’elle lui est tout à fait obligée de l’affection qu’il a pour elle, et qu’à cause de son mari, qui est fantasque, il garde d’en rien faire paraître, et qu’il faudra songer à chercher quelque invention pour se pouvoir entretenir tous deux.

George Dandin, à part.
Ah ! pendarde de femme !

Lubin
Testiguiéne ! cela sera drôle ; car le mari ne se doutera point de la manigance, voilà ce qui est de bon ; et il aura un pied de nez avec sa jalousie : est-ce pas ?

George Dandin
Cela est vrai.

Lubin
Adieu. Bouche cousue au moins. Gardez bien le secret, afin que le mari ne le sache pas.

George Dandin
Oui, oui.

Lubin
Pour moi, je vais faire semblant de rien : je suis un fin matois, et l’on ne dirait pas que j’y touche.



Scène 3

George Dandin