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La fausseté la plus horrible.

Alcmène
Amphitryon !

Amphitryon
Amphitryon ! Perfide !

Alcmène
Amphitryon ! Perfide ! Ah ! quel emportement !

Amphitryon
Non, non : plus de douceur et plus de déférence,
Ce revers vient à bout de toute ma constance ;
Et mon cœur ne respire, en ce fatal moment,
Et que fureur et que vengeance.

Alcmène
De qui donc vous venger ? et quel manque de foi
Vous fait ici me traiter de coupable ?

Amphitryon
Je ne sais pas, mais ce n’était pas moi ;
Et c’est un désespoir qui de tout rend capable.

Alcmène
Allez, indigne époux, le fait parle de soi,
Et l’imposture est effroyable.
C’est trop me pousser là-dessus,
Et d’infidélité me voir trop condamnée.
Si vous cherchez, dans ces transports confus,
Un prétexte à briser les nœuds d’un hyménée
Qui me tient à vous enchaînée,
Tous ces détours sont superflus ;
Et me voilà déterminée
À souffrir qu’en ce jour nos liens soient rompus.

Amphitryon
Après l’indigne affront que l’on me fait connaître,
C’est bien à quoi sans doute il faut vous préparer :
C’est le moins qu’on doit voir, et les choses peut-être
Pourront n’en pas là demeurer.
Le déshonneur est sûr, mon malheur m’est visible,
Et mon amour en vain voudrait me l’obscurcir ;
Mais le détail encor ne m’en est pas sensible,
Et mon juste courroux prétend s’en éclaircir.
Votre frère déjà peut hautement répondre
Que jusqu’à ce matin je ne l’ai point quitté :
Je m’en vais le chercher, afin de vous confondre
Sur