Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/434

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Orgon
Le pauvre homme ! Allons vite en dresser un écrit :

Et que puisse l’envie en crever de dépit !


Fin du troisième acte.

ACTE IV


Scène 1

Cléante, Tartuffe


Cléante
1185Oui, tout le monde en parle, et vous m’en pouvez croire,

L’éclat que fait ce bruit n’est point à votre gloire ;
Et je vous ai trouvé, monsieur, fort à propos,
Pour vous en dire net ma pensée en deux mots.
Je n’examine point à fond ce qu’on expose ;
1190Je passe là-dessus, et prends au pis la chose.
Supposons que Damis n’en ait pas bien usé,
Et que ce soit à tort qu’on vous ait accusé :
N’est-il pas d’un chrétien de pardonner l’offense,
Et d’éteindre en son cœur tout désir de vengeance ?
1195Et devez-vous souffrir, pour votre démêlé,
Que du logis d’un père un fils soit exilé ?
Je vous le dis encore, et parle avec franchise,
Il n’est petit, ni grand, qui ne s’en scandalise ;
Et si vous m’en croyez, vous pacifierez tout,
1200Et ne pousserez point les affaires à bout.
Sacrifiez à Dieu toute votre colère,
Et remettez le fils en grâce avec le père.

Tartuffe
Hélas ! je le voudrais, quant à moi, de bon cœur ;

Je ne garde pour lui, monsieur, aucune aigreur ;
1205Je lui pardonne tout ; de rien je ne le blâme,
Et voudrais le servir du meilleur de mon âme :
Mais l’intérêt du ciel n’y saurait consentir ;
Et, s’il rentre céans, c’est à moi d’en sortir.
Après son action, qui n’eut jamais d’égale,