Qu’ils sont doux,
Bouteille jolie,
Qu’ils sont doux
Vos petits glouglous !
Mais mon sort feroit bien des jaloux,
Si vous étiez toujours remplie.
Ah ! bouteille, ma mie,
Pourquoi vous videz-vous[1]?
Allons, morbleu ! il ne faut point engendrer de mélancolie.
Le voilà lui-même.
Je pense que vous dites vrai, et que j’avons bouté le nez dessus.
Voyons de près.
Ah ! petite friponne ! que je t’aime, mon petit bouchon ! (Il chante. Apercevant Valère et Lucas qui l’examinent, il baisse la voix.)
Mais mon sort… feroit… bien des… jaloux,
- Si…
(Voyant qu’on l’examine de plus près.)
Que diable ! à qui en veulent ces gens-là ?
C’est lui assurément.
Le v’là tout craché comme on nous l’a défiguré.
- ↑ M. Roze, de l’Académie française, et secrétaire du cabinet du Roi, fit des paroles latines sur cet air, et pour faire une malice à Molière, il lui reprocha, chez M. le duc de Montausier, d’avoir traduit la chanson de Sganarelle d’une épigramme latine imitée de l’Anthologie. Voici les paroles de Roze :
Quam dulces,
Amphora amœna
Quam dulces
Sunt tuæ voces !
Dum fundis merum in calices,
Utinam semper esses plena !
Ah ! Ah ! cara mea lagena,
Vacua cur jaces ?(Lettre sur Molière, insérée dans le Mercure de France en décembre 1739. Prem. vol., pag. 2914, Cizeron-Rival, pag. 22.)