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clocher en bas, et se brisa sur le pavé la tête, les bras, et les jambes. On n’y eut pas plus tôt amené notre homme, qu’il le frotta par tout le corps d’un certain onguent qu’il sait faire ; et l’enfant aussitôt se leva sur ses pieds, et courut jouer à la fossette.

Lucas

Ah !

Valère

Il faut que cet homme-là ait la médecine universelle.

Martine

Qui en doute ?

Lucas

Téligué ! v’là justement l’homme qu’il nous faut. Allons vite le charcher.

Valère

Nous vous remercions du plaisir que vous nous faites.

Martine

Mais souvenez-vous bien au moins de l’avertissement que je vous ai donné.

Lucas

Hé ! morguenne ! laissez-nous faire : s’il ne tient qu’à battre, la vache est à nous.

Valère, à Lucas.

Nous sommes bien heureux d’avoir fait cette rencontre ; et j’en conçois, pour moi, la meilleure espérance du monde.


Scène 6

Sganarelle, Valère, Lucas
Sganarelle, chantant derrière le théâtre.

La, la, la …

Valère

J’entends quelqu’un qui chante, et qui coupe du bois.

Sganarelle, entrant sur le théâtre, avec une bouteille à la main, sans apercevoir Valère ni Lucas.

La, la, la … Ma foi, c’est assez travaille pour boire un coup. Prenons un peu d’haleine. (Après avoir bu.) Voilà du bois qui est salé comme tous les diables[1]

(Il chante.)

  1. Un bois salé, comme on dit un ragoût salé, parce qu’on a soif après avoir coupé de l’un, comme après avoir mangé de l’autre. (Auger.)