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même a pris ; elle a résolu sa retraite, et nous avons été touchés tous deux en même temps.

Don Carlos

Sa retraite ne peut nous satisfaire, pouvant être imputée au mépris que vous feriez d’elle et de notre famille ; et notre honneur demande qu’elle vive avec vous.

Don Juan

Je vous assure que cela ne se peut. J’en avais, pour moi, toutes les envies du monde ; et je me suis, même encore aujourd’hui, conseillé au ciel pour cela ; mais lorsque je l’ai consulté, j’ai entendu une voix qui m’a dit que je ne devais point songer à votre sœur, et qu’avec elle, assurément, je ne ferais point mon salut.

Don Carlos

Croyez-vous, don Juan, nous éblouir par ces belles excuses ?

Don Juan

J’obéis à la voix du ciel.

Don Carlos

Quoi ! vous voulez que je me paye d’un semblable discours ?

Don Juan

C’est le ciel qui le veut ainsi.

Don Carlos

Vous aurez fait sortir ma sœur d’un couvent pour la laisser ensuite ?

Don Juan

Le ciel l’ordonne de la sorte.

Don Carlos

Nous souffrirons cette tache en notre famille ?

Don Juan

Prenez-vous-en au ciel.

Don Carlos

Hé quoi ! toujours le ciel !

Don Juan

Le ciel le souhaite comme cela.

Don Carlos

Il suffit, don Juan, je vous entends. Ce n’est pas ici que je veux vous prendre, et le lieu ne le souffre pas ; mais, avant qu’il soit peu, je saurai vous trouver.

Don Juan

Vous ferez ce que vous voudrez ; vous savez que je ne