Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ACTE IV


Le théâtre représente l’appartement de don Juan.

Scène I

DON JUAN, SGANARELLE, RAGOTIN.
Don Juan, à Sganarelle.

Quoi qu’il en soit, laissons cela : c’est une bagatelle, et nous pouvons avoir été trompés par un faux jour, ou surpris de quelque vapeur qui nous ait troublé la vue.

Sganarelle

Hé ! monsieur, ne cherchez point à démentir ce que nous avons vu des yeux que voilà. Il n’est rien de plus véritable que ce signe de tête ; et je ne doute point que le ciel, scandalisé de votre vie, n’ait produit ce miracle pour vous convaincre, et pour vous retirer de…

Don Juan

Écoute. Si tu m’importunes davantage de tes sottes moralités, si tu me dis encore le moindre mot là-dessus, je vais appeler quelqu’un, demander un nerf de bœuf, te faire tenir par trois ou quatre, et te rouer de mille coups. M’entends-tu bien ?

Sganarelle

Fort bien, monsieur, le mieux du monde. Vous vous expliquez clairement ; c’est ce qu’il y a de bon en vous, que vous n’allez point chercher de détours : vous dites les choses avec une netteté admirable[1].

Don Juan

Allons, qu’on me fasse souper le plus tôt que l’on pourra. Une chaise, petit garçon.



Scène II

DON JUAN, LA VIOLETTE, SGANARELLE, RAGOTIN.
La Violette

Monsieur, voilà votre marchand, monsieur Dimanche, qui demande à vous parler.

  1. Imitation de l’Andrienne, de Térence, acte Ier, scène ii.