Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/702

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peu avancé en âge pour elle, et je considère que je ne suis point du tout son fait.

Alcantor

Pardonnez-moi, ma fille vous trouve bien comme vous êtes ; et je suis sûr qu’elle vivra fort contente avec vous.

Sganarelle

Point. J’ai parfois des bizarreries épouvantables, et elle aurait trop à souffrir de ma mauvaise humeur.

Alcantor

Ma fille a de la complaisance, et vous verrez qu’elle s’accommodera entièrement à vous.

Sganarelle

J’ai quelques infirmités sur mon corps qui pourraient la dégoûter.

Alcantor

Cela n’est rien. Une honnête femme ne se dégoûte jamais de son mari.

Sganarelle

Enfin, voulez-vous que je vous dise ? Je ne vous conseille pas de me la donner.

Alcantor

Vous moquez-vous ? J’aimerai mieux mourir que d’avoir manqué à ma parole.

Sganarelle

Mon Dieu ! Je vous en dispense, et je…

Alcantor

Point du tout. Je vous l’ai promise, et vous l’aurez en dépit de tous ceux qui y prétendent.

Sganarelle, (à part.)

Que diable !

Alcantor

Voyez-vous, j’ai une estime et une amitié pour vous toute particulière ; et je refuserais ma fille à un prince pour vous la donner.

Sganarelle

Seigneur Alcantor, je vous suis obligé de l’honneur que vous me faites ; mais je vous déclare que je ne me veux point marier.

Alcantor

Qui, vous ?