Scène VI.
Dorante, Climène, Uranie, Élise, Le Marquis.
Ne bougez, de grâce, et n’interrompez point votre discours. Vous êtes là sur une matière qui, depuis quatre jours, fait presque l’entretien de toutes les maisons de Paris ; et jamais on n’a rien vu de si plaisant que la diversité des jugements qui se font là-dessus. Car enfin j’ai ouï condamner cette comédie à certaines gens, par les mêmes choses que j’ai vu d’autres estimer le plus.
Voilà monsieur le marquis qui en dit force mal.
Il est vrai. Je la trouve détestable, morbleu ! détestable, du dernier détestable, ce qu’on appelle détestable.
Et moi, mon cher marquis, je trouve le jugement détestable.
Quoi chevalier, est-ce que tu prétends soutenir cette pièce ?
Oui, je prétends la soutenir.
Parbleu ! je la garantis détestable.
La caution n’est pas bourgeoise. Mais, marquis, par quelle raison, de grâce, cette comédie est-elle ce que tu dis ?
Pourquoi elle est détestable ?
Oui.
Elle est détestable, parce qu’elle est détestable.
Après cela, il n’y a plus rien à dire ; voilà son procès fait. Mais encore instruis-nous, et nous dis les défauts qui y sont.
Que sais-je moi ? je ne me suis pas seulement donné la peine de l’écouter. Mais enfin je sais bien que je n’ai jamais