Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/613

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
511
SCÈNE III


Climène

Ah ! ruban, tant qu’il vous plaira ; mais ce le, où elle s’arrête, n’est pas mis pour des prunes. Il vient sur ce le d’étranges pensées. Ce le scandalise furieusement ; et quoi que vous puissiez dire, vous ne sauriez défendre l’insolence de ce le.

Élise

Il est vrai, ma cousine ; je suis pour madame contre ce le. Ce le est insolent au dernier point, et vous avez tort de défendre ce le.

Climène

Il a une obscénité qui n’est pas supportable.

Élise

Comment dites-vous ce mot-là, madame ?

Climène

Obscénité, madame.

Élise

Ah ! mon Dieu, obscénité. Je ne sais pas ce que ce mot veut dire ; mais je le trouve le plus joli du monde.

Climène

Enfin, vous voyez, comme votre sang prend mon parti.

Uranie

Hé ! mon Dieu, c’est une causeuse qui ne dit pas ce qu’elle pense. Ne vous y fiez pas beaucoup, si vous m’en voulez croire.

Élise

Ah ! que vous êtes méchante, de me vouloir rendre suspecte à madame ! Voyez un peu où j’en serais, si elle allait croire ce que vous dites ! Serais-je si malheureuse, madame, que vous eussiez de moi cette pensée ?

Climène

Non, non, je ne m’arrête pas à ses paroles, et je vous crois plus sincère qu’elle ne dit.

Élise

Ah ! que vous avez bien raison, madame, et que vous me rendrez justice quand vous croirez que je vous trouve la plus engageante personne du monde, que j’entre dans tous vos sentiments, et suis charmée de toutes les expressions qui sortent de votre bouche !

Climène

Hélas ! je parle sans affectation.