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J.-B. POQUELIN DE MOLIÈRE.

fant de cet âge, en supposant qu’on l’eût conduit au théâtre, ne pouvait s’enthousiasmer pour les acteurs jusqu’à vouloir se faire acteur lui-même. Toutes ces anecdotes doivent donc être écartées comme apocryphes, et lorsqu’on cherche les faits positifs, les détails suivants sont les seuls auxquels on puisse ajouter foi :

Les premiers biographes de Molière sont tous d’accord sur ce point : qu’il fit ses études à Paris, au collège de Clermont, qu’il suivit les écoles de droit, et se fit recevoir avocat. Ce fait est constaté par ses ennemis eux-mêmes, qui en parlent dans un esprit de dénigrement, et voici ce qu’on lit dans un pamphlet du dix-septième siècle :

En quarante, ou fort peu de temps auparavant,
Il sortit du collége âne comme devant ;
Mais son père ayant su que moyennant finance,
Dans Orléans un âne obtenoit sa licence,
Il y mena le sien, c’est-à-dire ce fieux
Que vous voyez ici, ce rogue audacieux.
Il l’endoctora donc moyennant sa pécune,
Et croyant qu’au barreau ce fils feroit fortune,
Il le fit avocat, ainsi qu’il vous a dit,
Et le para d’habits qu’il fit faire à crédit.
Mais de grâce admirez l’étrange ingratitude,
Au lieu de se donner tout à fait à l’étude
Pour plaire à ce bon père et plaider doctement,
Il ne fut au Palais qu’une fois seulement[1].

D’après une tradition fort accréditée, Molière aurait étudié la philosophie sous Gassendi, et il aurait eu pour condisciples Bernier, Hesnault, Chapelle, Cyrano de Bergerac et le prince de Conti, frère du grand Condé, mais, ainsi que le dit M. Soulié, rien ne vient

  1. Elomyre Hypocondre ou les Médecins vengés, 1670, in-12, p. 75.