Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/393

Cette page n’a pas encore été corrigée

Trahirait le secret d’une telle nouvelle.
Sortons pour vous l’apprendre, et sans rien embrasser,
Vous-même vous verrez ce qu’on en doit penser.


ACTE III

Scène première

Done Elvire, Élise.

Done Elvire
Élise, que dis-tu de l’étrange faiblesse
Que vient de témoigner le cœur d’une princesse ?
Que dis-tu de me voir tomber si promptement
De toute la chaleur de mon ressentiment,
Et malgré tant d’éclat relâcher mon courage
Au pardon trop honteux d’un si cruel outrage ?

Élise
Moi, je dis que d’un cœur que nous pouvons chérir,
Une injure sans doute est bien dure à souffrir ;
Mais que s’il n’en est point qui davantage irrite,
Il n’en est point aussi qu’on pardonne si vite,
Et qu’un coupable aimé triomphe à nos genoux
De tous les prompts transports du plus bouillant courroux,
D’autant plus aisément, Madame, quand l’offense
Dans un excès d’amour peut trouver sa naissance.
Ainsi, quelque dépit que l’on vous ait causé,
Je ne m’étonne point de le voir apaisé ;
Et je sais quel pouvoir, malgré votre menace,
À de pareils forfaits donnera toujours grâce.

Done Elvire
Ah ! sache, quelque ardeur qui m’impose des lois,
Que mon front a rougi pour la dernière fois,
Et que si, désormais, on pousse ma colère,
Il n’est point de retour qu’il faille qu’on espère.
Quand je pourrais reprendre un tendre sentiment,
C’est assez contre lui que l’éclat d’un serment.